Petite caméra astucieuse et légère, la Bolex H16 permet aux amateurs d’expérimenter avec les effets possibles avec cette caméra au moment du tournage. Elle peut être opérée par une seule personne et offre une grande liberté créative aux cinéastes professionnels et amateurs.
Tu peux te reporter à la section « ressources additionnelles » si tu souhaites consulter un glossaire des termes techniques.
La Bolex H16 et le portrait
La Bolex H16 est un choix idéal pour expérimenter et filmer des portraits. La Bolex est pensée pour être à la fois ingénieuse et facile à manier. Cette caméra rend possibles diverses expérimentations d’effets grâce à des mécanismes de précision au moment du tournage : surimpressions, fondus, etc. Cette caméra robuste et stable, de fabrication suisse, permet de multiplier les usages, allant de la simple captation jusqu’à la création artistique. La facilité des gestes techniques laisse plus de place à la spontanéité lors du tournage.
Ces fonctionnalités peuvent être activées par une seule personne, qu’elle soit amatrice ayant de bonnes bases en photographie ou professionnelle. En plus d’être légère, elle dispose d’un viseur et peut être portée à une seule main.
Cette caméra est particulièrement prisée par les cinéastes amateurs et expérimentaux dans la réalisation de portraits : autoportrait, portrait de famille ou portrait de groupes. La Bolex devient alors l’extension de leur regard et leur corps.
Des exemples de films tournés avec la Bolex
A and B in Ontario réalisé par Joyce Wieland et Hollis Frampton en 1967
Collection Cinémathèque québécoise
A & B en Ontario est achevée dix-huit ans après que le matériel original ait été tourné. Après la mort de Frampton, le film est monté par Wieland, elle crée un dialogue cinématographique dans lequel les collaborateurs (dans l’esprit des années 1960) se filment avec des caméras.
A and B in Ontario
Dans cet extrait de A and B in Ontario la réalisatrice Joyce Wieland et son comparse Frampton jouent à cache-cache équipés de leurs Bolex respectives. La caméra de l’un filme la caméra de l’autre. Elles accompagnent les mouvements parfois saccadés de leur corps. Elles deviennent tantôt l’extension de leurs regards, tantôt le prolongement de leurs bras. Mieux encore, cette caméra permet à Wieland, avec son objectif zoom, de se rapprocher graduellement de son ami en étant pourtant physiquement éloignée de lui.
A and B in Ontario réalisé par Joyce Wieland et Hollis Frampton en 1967
Collection Cinémathèque québécoise
A & B en Ontario est achevée dix-huit ans après que le matériel original ait été tourné. Après la mort de Frampton, le film est monté par Wieland, elle crée un dialogue cinématographique dans lequel les collaborateurs (dans l’esprit des années 1960) se filment avec des caméras.
Note : Les informations placées entre crochets décrivent le contenu visuel et audio de l’extrait. Il n’y a pas de dialogue dans ce film.
[Extrait de 0:56 minute.]
[Extérieur. Ontario, rue commerciale en été. Noir et blanc.] [La séquence est un montage alterné de plans subjectifs des deux personnages. Un jeu de champ-contrechamp ou un jeu de cache-cache. Le montage est rapide. Joyce Wieland filme avec la caméra A, munie d’un zoom, et Hollis Frampton filme avec la caméra B, sans zoom.] [Sons étouffés du mécanisme de défilement de la pellicule tout au long de l’extrait.]
[Caméra A : Zoom sur Frampton pour terminer en plan poitrine. Œil sur le viseur, il pointe sa caméra B vers Wieland. Wieland obstrue la partie gauche de l’image en se cachant derrière un poteau pour ne pas se faire filmer. L’écran est divisé en deux, du noir à gauche et Frampton et d’autres passants de face, à droite de l’écran. Le poteau derrière lequel elle se cache finit par créer un noir à l’écran comme une transition.]
[Caméra B : contrechamp. Plan en pied de Wieland. D’un pas chassé vers la droite, elle se cache derrière un poteau, sa caméra A au poing. Elle ressort légèrement la caméra de derrière le poteau. La passante du plan précédent repasse dans le cadre à gauche cette fois-ci de dos.] [Sons du ressort du moteur que l’on remonte.]
[Caméra A : Plan rapproché du torse de Frampton et de sa caméra qu’il tient à l’horizontale. À l’aide d’une manivelle qu’il fait tourner sur le côté, il remonte le mécanisme à ressort de l’appareil. Zoom arrière pour cadrer le visage de Frampton. Il s’enfuit vers la gauche. Un camion passe sur la route et Wieland effectue un traveling vers la droite pour le suivre.]
[Caméra A : Gros plan, va et vient indistinct, de gauche à droite sur des affiches publicitaires placardées. Frampton apparaît très brièvement sur la gauche.]
[Caméra B : Contre-champ. Plan en pied sur Wieland qui filme droit devant. À gauche se trouvent les affiches publicitaires du plan précédent. Il y a une grande profondeur de champ à l’image, ce qui laisse apparaître le pavé du trottoir, les ombres des bâtiments et les passants. Frampton se cache derrière la colonne remplie d’affiches publicitaires à gauche, qui obstrue le champ et cache Wieland.]
[Caméra A : Gros plan sur Frampton qui la filme, une main sur la poignée, une main sur le dessus de l’appareil, œil au viseur. Il occupe toute la moitié droite du cadre. En arrière-plan, la rue et une devanture de magasin. Il quitte le cadre vers la droite. Wieland pivote vers sa droite pour le suivre, mais ne réussit qu’à capter un gros plan de sa caméra, puis une voiture garée.]
[Caméra B : Contre-champ. Frampton tourne autour de la colonne remplie d’affiches publicitaires pour poursuivre Wieland qui le vise avec sa caméra.]
[Noir]
[Caméra A : Frampton, dissimulé derrière une balustrade, tient au-dessus de sa tête et à bout de bras sa Bolex, une main sur la poignée et l’autre sur le dessus de l’appareil. Il se déplace vers la gauche.]
[Caméra B : Contre-champ. Plan d’ensemble de l’arrière de bâtiments, dans une ruelle. La lumière du soleil crée un reflet lumineux à l’image à deux reprises. Wieland est debout sur des escaliers. En arrière-plan, des murs de briques, portes et fenêtres. L’image tressaute. Frampton effectue un traveling de gauche à droite sans regarder ce qu’il filme.]
[Caméra A : Suite du plan de Frampton se déplaçant vers la gauche sa caméra B à bout de bras.]
[Caméra B : Contre-champ. Suite du plan de Wieland debout sur les escaliers en traveling de gauche à droite. Le mouvement est plus lent cette fois. Le toit d’une voiture coupe l’image en deux, et occupe la partie basse de l’écran. Wieland filme droit devant avec sa caméra.] [Les sons de défilement de pellicule cessent.]
[Caméra A : Gros plan de la tête de Frampton et sa Bolex. Il cesse de filmer, retire la caméra de devant son visage et se cache à nouveau derrière la balustrade.] [Sons du ressort du moteur que l’on remonte.]
[Caméra B : Contre-champ. Plan taille de Wieland. Elle est assise sur les escaliers et active la manivelle de sa caméra pour remonter le mécanisme à ressort. Une fois terminée, elle jette un œil devant elle et met sa main devant son zoom.] [Son de relâchement du bouton pressoir déclenchant la prise de vue.]
[Fin de l’extrait]
Yes Sir ! Madame réalisé par Robert Morin en 1994
© Coop Vidéo de Montréal, collection Cinémathèque québécoise
Né en Acadie, d’un père francophone et d’une mère anglophone, Earl Tremblay vit une crise d’identité aux accents canadiens. Décidé de la résoudre, il y consacre les dix-neuf bobines de film que sa mère cinéaste lui avait laissées en héritage. Son objectif : enregistrer son quotidien et essayer de lui trouver le même sens en anglais et en français. Au fil des bobines et d’un périple qui le mène des Maritimes à Montréal, puis à Ottawa comme député, Earl Tremblay voit sa personnalité se diviser et enfin se déchirer de façon irrémédiable (coopvideo.ca).
Yes Sir ! Madame
Dans Yes Sir ! Madame, le portrait de Robert Morin mêle réalité et fabulation. La caméra qui le filme tantôt prolonge son regard, tantôt se transforme en interlocutrice privilégiée. La caméra est mise en lumière et apparaît dans le film, elle est partie prenante de l’action qu’elle est en train de filmer.
Yes Sir ! Madame réalisé par Robert Morin en 1994
© Coop Vidéo de Montréal, collection Cinémathèque québécoise
Né en Acadie, d’un père francophone et d’une mère anglophone, Earl Tremblay vit une crise d’identité aux accents canadiens. Décidé de la résoudre, il y consacre les dix-neuf bobines de film que sa mère cinéaste lui avait laissées en héritage. Son objectif : enregistrer son quotidien et essayer de lui trouver le même sens en anglais et en français. Au fil des bobines et d’un périple qui le mène des Maritimes à Montréal, puis à Ottawa comme député, Earl Tremblay voit sa personnalité se diviser et enfin se déchirer de façon irrémédiable (coopvideo.ca).
Note : Les informations placées entre crochets décrivent le contenu visuel et audio de la vidéo. Le reste du texte correspond au monologue intérieur du personnage principal, ajouté à l’instar d’une voix off dans les documentaires.
[Séquence de 1:07 minute.]
[Intérieur, soir, chambre d’hôtel. Couleur. Tout au long de l’extrait, on entend le défilement de la pellicule.]
[Gros plan sur un portrait photographique de Brian Mulroney, accroché à un mur.]
But the boss didn’t seem to mind.
[Plan rapproché d’un homme assis sur un lit, dos au mur, pieds allongés. Il est encore vêtu de sa chemise, de sa cravate, de ses pantalons et de ses lunettes.] [Son de bâillement.] [Il bâille et regarde un journal.]
[Zoom vers une télévision cathodique où est présentée la captation de la victoire électorale de Brian Mulroney qui célèbre avec sa famille. L’image à la télévision apparaît en noir et blanc, d’une teinte bleutée, et vacille de haut en bas. Le zoom termine sur Mulroney.]
When everybody left, I stayed up for a while and kept the partying alive with the Prime Minister and his family. [L’homme chante] C’est à ton tour, mon cher menton !
[La télévision montre maintenant une scène de film érotique. L’image apparaît avec un effet de flou et d’une teinte jaune, empêchant de discerner l’action.]
Il a fallu que tout le monde s’en aille pour trouver une émission un peu plus représentative du monde de la politique.
[En plan fixe d’ensemble, le personnage est allongé, il filme ses pieds sur le lit et la télévision. Le film érotique y est toujours présenté.]
That night, I went to bed happy and yet a bit… a bit lonely.
[La caméra se dirige maintenant vers le mur où se trouve une immense photographie de Mulroney et de sa femme. La pellicule se termine. Dans le plan suivant, la lumière est plus claire. La caméra pointe toujours sur la photographie et ce jeu de lumière suggère une ellipse temporelle. Il fait maintenant jour. La caméra revient sur la télévision à présent éteinte.]
Le lendemain matin, je m’suis réveillé avec un arrière-goût de pouvoir au fond de la gorge.
[L’homme, maintenant dans la salle de bain, en sous-vêtements, Bolex à la main et œil collé au viseur, se dirige vers des miroirs. Il se rapproche du miroir central tout en filmant son reflet de face.]
The next morning, I woke up ready to face my responsibilities. J’suis allé dans la salle de bains but, instead…
[Il pivote vers sa gauche sans arrêter de filmer. Un second miroir placé en angle crée un effet Droste : son reflet se répète à l’infini en diminuant de taille grâce aux jeux de miroirs. Cet effet donne l’impression qu’il y a plusieurs personnes en ligne à la gauche du protagoniste.]
… I faced us, and there was a lot of them. On s’est fait peur pour vrai. We were all there. On était tous là. All the pea souper on one side…
[Il pivote ensuite vers sa droite et répète l’effet Droste de ce côté grâce à un troisième miroir.]
… pis toutes les têtes carrées de l’autre bord. The fight would have been a massacre. La bataille aurait pu être mortelle pour tout l’monde.
[Il revient au centre.]
The only reasonable solution was to split. Fait qu’on a décidé de se séparer. For good. Pour de bon.
[L’image coupe et l’écran devient bleu.]
Yes sir! Oui Madame ! Bonne chance !
[L’image coupe au noir.]
Good luck! Chacun sa vie, chacun sa bobine. Ok.
So, who’s gonna start.
[Fin de l’extrait.]
Genèse d’une invention: héritage du savoir-faire helvète
La complexité de la Bolex et la précision de ses mécanismes puisent son origine dans le savoir-faire suisse en horlogerie.
La compagnie Paillard qui commercialise la Bolex H16 se consacre initialement à la création de boîtes à musique, gramophones et machines à écrire dans la tradition helvète des mécanismes de précisions. À la fin des années 1920, l’entreprise souhaite diversifier ses activités. Elle rachète les appareils, les laboratoires et les nombreux brevets de l’ingénieur Jacques Bogopolsky qui avait inventé l’Auto Ciné modèles A et B, des caméras qui se voulaient transportables et « automatiques ».
Bogopolsky, Jacques. 1928. Exposé d’invention pour un appareil automatique pour la prise de vues cinématographiques. No 124365. Genève, Suisse. 6 p.
Domaine public
Exposé d’invention pour un appareil automatique pour la prise de vues cinématographiques
Ce brevet manuscrit de six pages garantit la propriété intellectuelle et le monopole de l’exploitation à son inventeur. Il comporte six dessins de la caméra et ses composants en annexe. Bogopolsky, inventeur autodidacte, annonce dans ce brevet sa volonté de construire un appareil ayant des fonctions automatiques, muni d’un moteur à ressort et qui pourrait supporter différents formats de pellicule.
Certains de ces éléments ont été conservés par Paillard lors de la fabrication de la Bolex H16.
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Bogopolsky, Jacques. 1928. Exposé d’invention pour un appareil automatique pour la prise de vues cinématographiques. No 124365. Genève, Suisse. 6 p.
Domaine public
Transcription d’extraits choisis du brevet :
« La force du ressort du mouvement d’horlogerie est limitée par le poids de l’appareil qui doit être transportable ».
« Revendication : Appareil automatique pour la prise de vues cinématographiques, caractérisé par une boîte de sections en double T, formant bâti, une paroi centrale supportant les organes et divisant ladite boîte en deux compartiments, le premier renfermant le mécanisme moteur à ressort, combiné à un train d’engrenages, le second, complètement isolé du premier par ladite paroi, comprenant le film, les organes pour son transport et la chambre d’exposition, chaque compartiment possédant son accès indépendant ».
« Appareil selon la revendication, caractérisé en ce qu’il comporte un compteur du film, muni d’organes à contrôle visuel et auditif permettant de suivre le déroulement du film à la lecture et au son ».
Paillard souhaite créer une caméra disposant d’une pluralité de fonctionnalités. L’entreprise se positionne à contre-courant de la tendance de l’époque : concevoir des caméras simples, qui sont destinées à des utilisateurs néophytes. Pour mieux le comprendre, il est possible de citer en exemple la Pathé Baby créée en 1923. Plus ancienne que la Bolex d’une dizaine d’années, cette toute petite caméra s’inscrit dans la lignée des caméras non professionnelles et elle est conçue pour être la plus simple possible. Elle est tellement légère qu’elle doit être fixée et stabilisée sur un trépied.

Photographie de la Pathé Baby issue des collections de la Cinémathèque québécoise.
TECHNÈS – CC BY-SA 4.0
Ce petit appareil en métal aux dimensions 11x10x5 cm pèse 615 gr. Il fonctionne avec un format de pellicule 9 mm utilisé pour les caméras non professionnelles. Ses principales caractéristiques la positionnent à l’opposé de la Bolex. Elle a des fonctionnalités très limitées ; même l’objectif très grand-angle n’exige aucune mise au point, tout est au foyer.
Paillard commercialise la Bolex modèle H16 en 1935, après cinq années de perfectionnements. Une partie des mécanismes s’inspire directement du fonctionnement des horloges suisses, renommées pour leur qualité et leur précision.
La caméra est reconnaissable grâce à ce moteur à ressort remonté toutes les 40 secondes et ses objectifs montés sur une tourelle semi-circulaire.

Caméra Bolex H16 modèle Standard. Modèle utilisé par les étudiants de l’Université de Montréal. On peut voir sur ce modèle la tourelle semi-circulaire et les trois objectifs.
TECHNÈS – CC BY-SA 4.0
Le modèle H16 connaît un succès commercial important dans les années 1960, y compris aux États-Unis. Son arrivée sur le marché incarne un moment marquant dans la professionnalisation du format de pellicule 16 mm. En effet, jusque-là, les professionnels tournent avec de la pellicule 35 mm parce que la qualité est supérieure. La polyvalence de la Bolex H16 les mèneront à travailler avec de la pellicule 16 mm sur une base plus régulière. Il existe encore aujourd’hui un atelier Bolex en Suisse, qui propose l’entretien et la réparation de cette caméra !
S.a. 1959. Catalogue général de caméra 16 mm Paillard Bolex, Suisse. 16 p. TR.880.P324. Collection Cinémathèque québécoise.
pdf (7,63 Mo)Catalogue général de caméra 16 mm Paillard Bolex
Ce catalogue de seize pages fait l’inventaire des caméras 16 mm de la marque. Il souligne les qualités de ces caméras, loue les mérites des différents accessoires, liste les objectifs compatibles avec ces caméras, et exemplifie à l’aide de dessins et de photographies.
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S.a. 1959. Catalogue général de caméra 16 mm Paillard Bolex, Suisse. 16 p. TR.880.P324. Collection Cinémathèque québécoise.
pdf (7,63 Mo)Transcription d’extraits choisis :
La nouvelle H16 Reflex, chef-d’œuvre de précision mécanique et optique, est la caméra 16 mm la plus complète et la plus universelle qui soit. Elle permet de réaliser tous les effets de cinéma professionnel et se distingue particulièrement par sa visée réflex et son obturateur variable.
Les possibilités illimitées de la caméra H16. Rien n’est impossible à l’utilisateur d’une caméra H16 : ralentis, accélérés, prises de vues image par image, poses et instantanés, marche arrière intégrale, compteur d’images, obturateur variable lui donne une gamme infinie de moyens pour réussir et agrémenter ses films. Il peut à loisir réaliser titrage, truquages, fondus, fondus enchaînés, ultra-accélérés, animation de sujets inertes, dessins animés, films scientifiques, et tous les effets du cinéma professionnel.
Fiche technique de la Bolex








Quelles étaient les caractéristiques de cet appareil léger, versatile et automatique qui lui permettaient de faire des portraits et d’expérimenter créativement ?
Caractéristiques
- Dimensions
- 21,50 cm x 15,24 cm x 7,2 cm.
- Poids
- Environ 2,5 kg sans objectif, ce qui est relativement léger.
- Matériaux
- Intérieur en matériaux robustes: duraluminium, cuir et chrome.
- Vitesse de prise d’images
- Une bobine de pellicule de 100 pieds équivaut à environ 4 minutes de film à 16 images/seconde, muet.
Composantes et accessoires
- Moteur
- La Bolex H16 est autonome, pas d’électricité nécessaire. Elle dispose d’un moteur à ressort à remonter manuellement avec une petite manivelle sur le côté, tous les 40 secondes.
- Trois objectifs de 10 mm à 150 mm ou zoom
- Montés sur une tourelle semi-circulaire permettant un changement rapide d’objectif sans manipulation autre au moment de la prise de vue
- Dispositif de visée: Visée optique intégré, puis Viseur réflex.
- Avec la visée optique intégré, on ne voit pas exactement ce que l’on cadre, il y a un léger décalage. La Bolex connaît une amélioration avec son viseur reflex à partir de 1956 qui fonctionne par prisme semi-réflecteur placé entre l’objectif et la pellicule, ce qui veut dire qu’une partie de la lumière qui passe par la lentille est redirigée vers le viseur. Cette amélioration du dispositif de visée permet de voir ce que l’on filme au moment où on le filme (ce qui change à la fois la manière de filmer puisque la caméra doit être collée à notre œil pendant le tournage et permet de changer spontanément le cadrage et la mise au point).
- Pellicule 16mm
- La pellicule utilisée est du 16mm couleur ou noir et blanc. Les bobines sont appelées en anglais daylight spool parce qu’elles peuvent être chargées dans la caméra en plein jour. Plus besoin de charger dans le noir afin de protéger la pellicule de la lumière.
- Poignée
- Permet un port différent de la caméra et une meilleure maniabilité
- RX Fader pour les objectifs Reflex seulement
- Cet accessoire permet de réaliser des fondus de manière plus facile et fluide.
Particularités de l’appareil
- Changement de la vitesse de prise d’images
- Changement possible lors du tournage de la vitesse de prise d’images de 8 images/secondes à 64 images/secondes, ce qui veut dire que l’on peut anticiper au tournage les ralentis et les accélérés.
- Compteur pellicule
- Compteur image qui permet des effets in caméra précis: de rembobiner la pellicule pour faire des surimpressions, des fondus, des ralentis et des accélérés.
- Pas de système d’enregistrement de son
- Cette caméra est relativement bruyante, un clic mécanique se fait entendre tous les 10 pouces environ (à 16 images/seconde). Il permet au caméraman de calculer rapidement le piétage restant lorsqu’il fait des effets in caméra qui demandent de la précision.
- Le chargement de la pellicule est semi-automatique, ce qui facilite et accélère le processus pour le cinéaste.
- La Bolex est réputée pour sa précision, sa régularité, elle a une bonne résistance aux températures extrêmes.
Le fonctionnement et la prise en main
La Bolex permet une grande proximité avec le cinéaste, sa caméra et le sujet filmé. Elle rend possible une grande liberté de mouvement et devient un moyen de prolonger le regard et les gestes. Une relation particulière et intime peut être développée avec la caméra.
Par contre, tout le mécanisme est relativement bruyant et peut déranger une prise de son. À cela, s’ajoute un clic mécanique qui permet de compter la pellicule exposée. Cela facilite la précision des effets, mais gêne doublement.
Le cinéaste peut aussi bien filmer en intérieur qu’en extérieur, quelles que soient les conditions de tournage. Cette caméra est portable, adaptable ce qui la rend accessible à différents types d’opérateurs professionnels ou amateurs ayant de bonnes connaissances en photographie.
La Bolex H16 se tient à deux mains : l’opérateur doit positionner sa main droite en dessous de la caméra sur la base plate et son index sur le bouton-poussoir pour déclencher la prise de vue. Sa main gauche doit passer dans la poignée en cuir, positionnée sur le dessus de la caméra. La prise en main permet de constater que la caméra est assez légère pour permettre de se déplacer facilement pendant que l’opérateur filme, mais suffisamment lourde pour contrôler les mouvements. Il faut remonter le moteur à ressort toutes les 40 secondes environ, et la caméra n’a une capacité que de 30 mètres de pellicule. Cela veut dire qu’en plus des différentes opérations avant de filmer, il faut prendre en compte qu’il y a certaines limites de temps : les opérateurs doivent composer avec des plans courts.
S.a. 1956. Manuel d’instruction de la caméra H16 Reflex. 51 p. TR.880.P323. Collection Cinémathèque québécoise.
Domaine public
Manuel d’instruction H16 Reflex issu des collections de la Cinémathèque
Ce manuel de 51 pages explique dans le détail les différents éléments de la caméra en vue de son utilisation. Les étapes pour préparer la caméra avant et après le tournage, ainsi que des conseils pratiques pour filmer et faire des effets au moment même du tournage y sont exposés.
Ce module PDF pourrait être innaccessible. Une version alternative est disponible en dessous.
S.a. 1956. Manuel d’instruction de la caméra H16 Reflex. 51 p. TR.880.P323. Collection Cinémathèque québécoise.
Domaine public
Transcription d’extraits du manuel :
Ne commencez pas à tourner avant d’avoir lu attentivement ce livret et d’avoir étudié le fonctionnement et les différents réglages de votre caméra. Voici quelques règles que nous vous invitons à suivre lors de la réalisation de vos premiers films.
La caméra doit être tenue de manière absolument stable, car la moindre secousse est amplifiée à l’écran et entraîne des images instables. Appuyez la caméra contre le front ou la joue, tenez-vous debout avec les jambes bien écartées et, si possible, appuyez-vous contre un point d’appui solide, tel qu’un mur ou un tronc d’arbre. Déplacez la caméra lentement et en douceur. Il est conseillé d’utiliser une poignée et, si possible, un trépied. [Traduction]
Lorsque la caméra dispose d’un viseur réflexe, l’opérateur colle son œil au viseur pour pouvoir cadrer pendant le tournage, ce qui change la relation que l’opérateur entretient avec sa caméra. Voir ce que l’on filme pendant qu’on le filme permet beaucoup plus de spontanéité parce que l’on sait ce qu’il y a dans le cadre. Le cinéaste voit directement le monde qu’il filme à travers l’objectif de sa caméra, en plus de pouvoir bouger librement.
Il est intéressant de noter que les premiers manuels d’instruction mettent de l’avant la nécessité de stabiliser un maximum la caméra afin d’obtenir des images « professionnelles ». À partir des années 60, le discours portant sur la caméra change et les manuels mettent dorénavant plus de l’avant la possibilité de porter et d’expérimenter divers mouvements avec cette caméra.

Pamphlet portant sur la Bolex Rex-4 paru dans l’American Cinematographer en 1966. Le titre souligne « Parfois, un seul caméraman doit faire le travail de dix. Il a besoin d’une caméra exceptionnelle : la Bolex H-16 Rex-4 ».
Domaine public
L’utilisateur de la Bolex
Cette caméra est utilisée par des usagers diversifiés : des amateurs ayant de bonnes connaissances en photographie, des explorateurs, des scientifiques, des anthropologues, des artistes ou des cinéastes. Elle est beaucoup utilisée dans les films de famille, le cinéma expérimental, et dans les institutions scolaires en Amérique du Nord encore de nos jours.
La première caméra Bolex H16 sort sur le marché en 1935 au coût de 565 francs suisses, ce qui représente plus de 4000 $ canadiens aujourd’hui. Ce prix initial n’inclut qu’un seul objectif. Il faut donc ajouter le prix des deux autres objectifs et tous les accessoires.
« Si l’on considère que le salaire moyen des ouvriers Paillard en 1935 était de 1 franc 23 centimes de l’heure, l’achat d’une caméra H représente plus d’un mois et demi de salaire » (Dulac 2016). La caméra n’est donc pas accessible aux plus modestes. En 1970, son prix de vente chute, faisant de la Bolex une caméra intéressante pour de nombreux jeunes amateurs moins fortunés.
Beaucoup de grands noms du cinéma des dernières décennies au Québec, aux États-Unis et en Europe font leur début avec une Bolex : Jonas Mekas, Maya Deren, Andy Warhol, Stan Brakhage, Kenneth Anger, Michel Brault, Claude Jutra, Spike Lee, Peter Jackson…
Beaucoup d’amateurs en cinéma ont usé de cette sorte de caméras dans la simplicité de l’enregistrement de moments, exceptionnels ou quotidiens, de leur vie. Par le truchement de leur caméra, ces amateurs ont aussi exprimé leur regard et les sentiments qu’ils portaient aux êtres et aux choses. D’autres, poussés par le désir de créer, ont cherché dans un plaisir de la découverte technique l’expressivité de ces caméras, et ce, jusqu’à faire œuvre artistique. Ils se sont plu à explorer la caméra jusqu’en sa mécanique intérieure pour formuler de nouvelles propositions visuelles.
(Dulac, Sorrel et Tralongo 2017)

Photographie de Michel Brault avec une Bolex, s.d. La Bolex est posée sur un trépied. Collection Cinémathèque québécoise 2000.0005.PH01

Photographie de Wendy Michener et Joyce Wieland en 1969.
© York University Library, Clara Thomas Archives & Special Collections, Joyce Wieland fonds, ASC07123

Capture d’écran issue du film L’aventure Bolex réalisé par Alyssa Bolsey en 2018. Barbara Hammer, réalisatrice de films expérimentaux, tient sa Bolex.
© AKKA Films
La petite taille de la Bolex et sa maniabilité en font une compagne de route idéale pour se filmer soi, sa famille, ses amis, dresser des portraits du quotidien, intimes, de garder en mémoire de vifs souvenirs, de révéler un trait de caractère ou une émotion de la personne filmée, tout comme tu le fais actuellement avec ton téléphone intelligent.
Ressources additionnelles
Voici un lien vers un lexique qui te permettra de mieux comprendre certains termes utilisés : Glossaire du cinéma
Tu es curieux ? Tu veux en savoir plus sur la Bolex et les cinéastes qui l’ont utilisée ? Voici des liens vers d’autres contenus qui te permettront d’approfondir tes connaissances.
- Bande-annonce du film L’aventure Bolex réalisé par Alyssa Bolsey en 2018.
- Extrait d’un film intitulé Paillard Bolex réalisé par Alexandre Favre. En préparation.
- Exposition itinérante La machine Bolex : les horizons amateurs du cinéma de 2017-2020 en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne–Franche-Comté et Suisse conçue par l’Université de Lausanne et la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain.
- Site référençant toutes les brochures et manuels d’instruction de la marque Paillard Bolex.
Bibliographie
S.a. 1959. Catalogue général de caméra 16 mm Paillard Bolex, Suisse. 16 p. TR.880.P324. Collection Cinémathèque québécoise.
S.a. 1956. Manuel d’instruction de la caméra H16 Reflex. 51 p. TR.880.P323. Collection Cinémathèque québécoise.
Bogopolsky, Jacques. 1928. Exposé d’invention pour un appareil automatique pour la prise de vues cinématographiques. No 124365. Genève, Suisse. 6 p.
Perret, Thomas, et Roland Cosandy. 2013. Paillard Bolex, Boolsky : la caméra de Paillard et Cie SA, le cinéma de Jacques Boolsky. Yverdon-les-Bains : Éditions de la Thièle.
Nicolas Dulac, « Le dispositif-Bolex : Archives techniques, discours promotionnel et invention du cinéaste “professionnel-amateur” ». Conférence donnée dans le cadre de la Conférence annuelle de l’ACÉC, Calgary, 31 mai 2016.
Dulac, Nicolas, Vincent Sorrel et Stéphane Tralongo (dir.). 2017. La machine Bolex : les horizons amateurs du cinéma. Catalogue d’exposition. France et Suisse 2017-2010. Veyrier-du-Lac : La Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain, Lausanne : Université de Lausanne.
Dulac, Nicolas, Vincent Sorrel, Stéphane Tralongo et Benoît Turquety (dir.). 2020. « La machine Bolex. Les horizons amateurs du cinéma ». Dans Encyclopédie raisonnée des techniques du cinéma, sous la direction d’André Gaudreault, Laurent Le Forestier et Gilles Mouëllic. www.encyclo-technes.org/fr/parcours/tous/bolex
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